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MOURIR

Au miséreux comme au fortuné, la mort ne distingue.

De tout monde et de toute existence elle prône, certaine ;

elle ne discrimine que sur l’heure : pile ou soudaine,

tandis que l’appelé attend, appréhende, libre ou sous seringue.

 

L’on envie le sage qui a fait le tour et attend de mourir,

après avoir tout vu, tout entendu, partir est un nouveau départ

qu’il accepte avec le moins de résistance, parfois avec le sourire ;

son corps aura été fidèle ; le repos s’annonce paisible, peinard.

 

Comment ne pas redouter la mort prématurée, brutale,

de ce bourgeon adulte ou de ce nouveau-né ?

Le proche se console, pensant qu’il n’a pas souffert du vif, du fatal,

mais le traumas s’alourdit du chagrin, et la peur nous pend le nez.

 

Cette mort, la plus redoutable, frappant à la fleur de l’âge

est absolument injuste, tant pour l’être qui n’a pu remplir ses pages,

que pour ceux qui lui ont donné le goût de la vie : un vide vain.

Ainsi, le funeste qui vole l’innocence emporte plus d’une âme au divin.

 

Face à ce sort, l’on plaindrait peu le débiteur informé de sa mort prochaine,

un sort indulgent, car offrant au condamné le choix de l’heure et de l’adieu :

cette souffrante s’en saisit, fêta ses funérailles, fixa le Jour sous huitaine,

puis apprêtée, affronta le destin, comme le ferait Dieu.

 

La mort n’est ni abysse ni mystère.

Ce rien n’est qu’un ticket de l’ailleurs, pour la curieuse que je suis ;

et plutôt que d’être prisonnière de la menace, chaque jour suspendue au puits,

je vais apprendre de cette vie, et en faire mon héritière.

R.

Par ces mots je t’invite à t’interroger sur ton rapport à la mort : la crains-tu, ou la considères-tu trop lointaine ? sous l’angle du choix de mourir avant son heure, je t’invite à découvrir les motivations de Diouana, dans l’œuvre d’Ousmane Sembène, qui a préféré ce sort plutôt que la mort sociale ; j’aurais aimé qu’elle fasse autrement, car son acte a été la plus injuste pour sa communauté, une perte collective.

Ma démarche vise à démystifier la mort, à s’en apaiser au mieux, pour éviter de s’en angoisser, et vivre pleinement avant qu’elle ne pointe à l’horizon unilatéralement.

Puissent ces mots attiser ta curiosité pour le meilleur .

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