L'ATTENTE
J’aimerais que les jours s’effacent,
Entre le premier et le dixième jour,
Où mon cœur impatient se lasse
À force d’attendre notre heureux séjour;
J’aimerais commander l’aiguille du temps
Qui, entre les deux minuits qui nous séparent,
Stagne mes heures d’amour au printemps,
Brouillant la boussole de mon âme hagarde;
J’aimerais t’aimer de suite d’un baiser,
Après que mes trois battements de cils
Exaucent mon vœu de cœur apaisé
En voyant paraître son tendre gracile;
En somme j’aimerais que l’horloger ait pitié,
Puisque mes quatre coups de cœur
Sont tombés au lac de la patience priée,
Et que son lit sage ne borde qu’un guérisseur;
Mais je ne veux guérir de l’amoureux lointain
Malgré ces cinq à sept frissons solitaires;
Et puisqu’on dit au cœur l’espace-temps t’étreint,
Je ferai de nos souvenirs mon peuple de Jupiter.
R.
Parce que ce temps résonne différemment d'un-e être à l'autre; je t'invite ici à simplement saisir le tien. Et si c'est un calvaire, la plume mélodieuse de cette douce écrivaine pourrait t'évader dans l'autre hémisphère.
Un extrait de cette oeuvre si sincère: « Parce que je t’aime trop pour ne pas te voir, je t’imagine mort, pour éviter la tentation de te chercher. » p. 169.

©️Fatou Diome ; "Celles qui attendent" ; 2010 Flammarion